Petit Pays

Petit Pays


Auteur : Gaël FAYE
Editeur : GRASSET
Collection : -
Pages :  224 pages
Prix : 18€
Date de Publication : 24/08/2016




 
 
 
 
 
 
Synopsis :
Avant, Gabriel faisait les quatre cents coups avec ses copains dans leur coin de paradis. Et puis l'harmonie familiale s'est disloquée en même temps que son "petit pays", le Burundi, ce bout d'Afrique centrale brutalement malmenée par l'Histoire.
Plus tard, Gabriel fait revivre un monde à jamais perdu. Les battements de cœur et les souffles coupés, les pensées profondes et les rires déployés, le parfum de citronnelle, les termites les jours d'orages, les jacarandas en fleurs... L'enfance, son infinie douceur, ses douleurs qui ne nous quittent jamais.
 
 
☃☃☃☃☃
 
Mon Avis :
 
"- La guerre entre les Tutsi et les Hutus, c’est parce qu’ils n’ont pas le même territoire ?
- Non, ce n’est pas ça, ils ont le même pays.
- Alors… ils n’ont pas la même langue ?
- Si, ils parlent la même langue.
- Alors, ils n’ont pas le même dieu ?
- Si, ils ont le même dieu.
- Alors… pourquoi se font-ils la guerre ?
- Parce qu’ils n’ont pas le même nez."
 
Nous retrouvons ce dialogue qui résume si bien l'absurdité de cette guerre et de ce génocide dès les premières pages du roman. Gaël FAYE ne cherche pas à nous expliquer le pourquoi de cette violence pure, il ne veut pas nous inculquer une quelconque leçon. Il ne fait que nous raconter ce qu'un enfant a pu vivre à ce moment-là. Et c'est ce ton-là, cette candeur enfantine qui rend ce texte si beau et encore plus frappant que toute leçon d'histoire.
 
Notre jeune héros, Gaby, vivait paisiblement au Burundi avec son père français, sa mère Rwandaise et Tutsi, et sa sœur Ana, jusqu'à ce déchaînement de violence. Gaël Faye utilise son talent d'écrivain pour nous décrire avec emphase cette enfance si douce :
 
"Rien n’est plus doux que ce moment où le soleil décline derrière la crête des montagnes. Le crépuscule apporte la fraîcheur du soir et des lumières chaudes qui évoluent à chaque minute. À cette heure-ci, le rythme change. Les gens rentrent tranquillement du travail, les gardiens de nuit prennent leur service, les voisins s’installent devant leur portail. C’est le silence avant l’arrivée des crapauds et des criquets."
 
 
Si la plume est incontestablement belle, j'ai trouvé que le début du roman était un peu long. Même si ces passages sont utiles pour bien marquer la bascule nette et rapide dans l'horreur qu'ont subi les personnes Tutsi et tous ceux liés à ce génocide atroce.
 
Dans un même temps, et c'est qui m'a le plus marqué, cette écriture sait aussi être universelle. Malgré le contexte de l'histoire, les lieux, les coutumes, les styles de vie. J'ai réussi à me sentir impliquée et même à me reconnaître dans certains passages.

 
"L'enfance m'a laissé des marques dont je ne sais que faire. Dans les bons jours, je me dis que c'est là que je puise ma force et ma sensibilité. Quand je suis au fond de ma bouteille vide, j'y vois la cause de mon inadaptation au monde."
 
J'ai étudié plus précisément le génocide rwandais il y a plus de 10 ans maintenant, et ce livre au même titre que le film "Hotel Rwanda" restera un de ceux qui m'ont marquée au fer rouge. Le prisme de l'enfance est un choix plus que judicieux de la part de l'auteur. C'est un magnifique premier roman de par son sujet mais aussi de par son traitement, et grâce à cette écriture si belle et sans fioritures.
Une lecture nécessaire.
 
 
 
15/20

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